• Eromènes et érastes : un échange initiatique

    Pédé ! Une insulte de nos jours, mais la référence à une norme sociale en d'autres temps et d'autres lieux. La Grèce antique avait une conception de l’homosexualité fort  éloignée de la nôtre. (Mais  les normes sociales sont changeantes, fruits d’une histoire et d’une époque. Il faut le comprendre et ne pas chercher à juger les hommes des siècles passés avec nos critères, nos lois, notre morale.) Contrairement à ce qu'on croit généralement la société grecque antique n'était pas très ouverte sur la question de l’homosexualité : c’est l’hétérosexualité qui était la norme. 

    Eromène jouant de la flute pour son éraste

     

    La pédérastie, qui signifie littéralement «amour de l’enfant», n'était pas un comportement sexuel, du moins pas uniquement, loin de là . Dans la Grèce antique, c’était l'école des élites, réservée d'ailleurs à la seule aristocratie, une institution sociale au même titre que le mariage, qui structurait les relations entre hommes et conditionnait l’avenir des citoyens.

    Les rôles étaient clairement définis : les jeunes gens de l’aristocratie âgés de 12 à 17 ans (les «éromènes») étaient courtisés, pris en charge, éduqués par des hommes ayant accompli leur éphébie, âgés de 20 ans et plus (les «érastes»). Outre l’acte sexuel, dans lequel l’éraste devait forcément être actif et l’éromène passif (sans en tirer trop de plaisir), cette union devait faciliter l’éducation philosophique, politique et militaire des plus jeunes   en insufflant aux jeunes gens les vertus propres aux citoyens grecs.  L'historien Plutarque écrivait à ce sujet : ces érastes "étaient tous en un sens les pères, les tuteurs, les directeurs des  garçons." Une fois devenus des hommes aux yeux de la société, les éromènes endossaient à leur tour le statut d’érastes avec les plus jeunes.

    Comme le soulignent d’ailleurs tous les auteurs, les rapports homosexuels qui s’écartaient de ces règles strictes  (par exemple ceux entre adultes) étaient mal vus, voire interdits. 

    Les représentations de la pédérastie que l'on peut voir sur les vases, coupes, cratères et autres objets de céramique vont rarement au-delà de l'érotisme. L'érotisme , rappelons-le, c'est le fait de  suggérer, une situation , de laiser le spectateur imaginer la suite sans rien montrer explicitement. La plupart des céramiques font voir un couple ( éromène et éraste - un adulte presque toujours barbu; de nos jours, on parle de  "daddy" et de "minet"). Ils  sont généralement proches l'un de l'autre, se frôlent parfois ou initient un geste  retenu, un attouchement, mais guère plus 

    On n'en voit pas plus, mais on comprend... A vous d'imaginer le suite, comme dans les  deux photos suivantes......

     

    Que va-t-il se paser une fois je garçon allongé dans le lit avec son éraste... A vous de voir...

    C'est encore plus clair, la main de celui de droite est clairement baladeuse !.

    On les voit souvent échanger des cadeaux, qui ont tous une signification symbolique.

    Le lièvre que l'éromène offre est symbolique de son état : il est encore une jeune bête sauvage, non domestiquée  et c'est l'éraste qui doit le guider vers le monde domestiqué, poli  et ordonné des adultes.

     

    Les réprésentations sexuelles plus directes sont rares mais explicites. Les pulsions sexuelles du Grec ancien ne sont pas différentes de celles de l'homme moderne et quelques céramiques peintes ont livré des scénes de fellation, de sodomie et même des plans à trois...

     

    Sodomie (ci-dessus) fellation et plan à trois (ci-dessous)

     La scéne reproduite ci-dessous est ouvertement sexuelle et je la trouve franchement pornographique : voyez cette sorte de  serpent ou de tentacule qui cherche à pénétrer le jeune garçon, qu'une tierce personne maintient  les fesses offertes pour une sodomie profonde.

     
    « Même un hétéro ne peut pas rester indifférent...Des minets satisfaits... »
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